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P. Duerinck, la mission fit face à toutes les dépenses et triompha de tous les obstacles. Mais qu’il lui en coûta de peines et de fatigues pour mettre sa grande famille, ses chers enfants indiens à l’abri de l’indigence  ! Traverser d’immenses déserts pour acheter des animaux à un bas prix et les amener à Sainte-Marie  ; descendre et remonter le Missouri, l’espace de plusieurs centaines de milles  ; être continuellement aux aguets afin de découvrir une occasion favorable pour le placement et la disposition des produits de la ferme  ; s’évertuer de toutes les manières à trouver des moyens de subsistance  ; inventer toujours de nouvelles ressources, former de meilleurs plans, et exécuter de nouveaux projets pour aller au-devant des besoins de ceux qui lui étaient confiés, voilà ce que le P. Duerinck a noblement entrepris pour le bien de sa mission, et en quoi il a parfaitement réussi.

«  Le Père avait le caractère fortement trempé, ou plutôt une âme vertueusement courageuse. Les infirmités auxquelles il était sujet ne lui arrachaient aucune plainte, ni ne produisaient la moindre altération dans l’affabilité de ses manières. Pour lui, l’hiver semblait avoir perdu ses frimas, et l’été ses chaleurs étouffantes. Sans cesse il bravait l’intempérie des saisons. Nous l’avons vu entreprendre un long voyage par le plus grand froid, et le continuer en dépit du souffle glaçant de l’aquilon, si bien qu’en arrivant dans la maison où il se propo-