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voyage en Belgique, «  quel est le degré de civilisation des tribus que j’avais visitées  ?   » Je vous répondis : «  Je ne sais pas tout ce qu’on veut entendre en Europe par ce mot de civilisation. On y parle des sauvages comme s’ils étaient des êtres exceptionnels et d’une autre nature. Tout ce que je puis vous dire, c’est que ce sont des hommes comme nous. Ils ne diffèrent de nous que parce qu’ils sont ignorants, pauvres, malheureux. Mais leur cœur est si bon  ! Il en est même qui ont beaucoup d’esprit naturel, et, ce qui vaut mieux encore, beaucoup de foi et de vertu  !   » La fin de ma lettre n’est-elle pas une confirmation de ce que je vous disais  ? Quelle reconnaissance n’ont-ils pas du bien qu’on leur fait  ! Quel désir n’ont-ils pas de connaître Dieu  !

Si donc il s’agit de la civilisation des âmes pour les envoyer au ciel, oh  ! nous n’avons pas besoin ici de vos civilisateurs d’Europe, sauf les bons prêtres. Faites prier pour que le Seigneur nous envoie de vaillants et fervents missionnaires, et nous ferons beaucoup d’heureux  !

Je recommande tous ces chers sauvages, nos frères en Jésus-Christ, rachetés du même sang et renfermés dans le même Cœur sacré, je les recommande tous bien instamment à vos saints sacrifices et à vos bonnes prières.

Agréez, etc.

P. J. De Smet, S. J.