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se présente devant eux, au milieu des cris de joie de ses proches et de ses amis. Les Indiens s’élancent avec empressement de leurs loges pour serrer la main et célébrer l’heureux retour de leur cher et fidèle guerrier. Ce jour sera pour eux mémorable et solennel. Ils rendent des actions de grâces au Maître de la vie et à tous les manitous de l’Olympe indien pour la conservation et l’arrivée de leur Chef bien-aimé. Toute la journée se passe en danses, en chants et en festins.

Lorsqu’ils revinrent de leur étonnement et que les premiers élans de leur joie furent calmés, la tranquillité ordinaire se rétablit dans le village, et le Chef battit son tambour pour convoquer son peuple. Il lui raconta ses aventures si extraordinaires, et termina son récit en leur faisant connaître et en imposant à la nation le culte du feu sacré et funèbre, c’est-à-dire la cérémonie qui consiste à tenir un feu allumé pendant quatre nuits consécutives sur chaque nouvelle sépulture. Il leur fit comprendre que ce culte est avantageux et agréable à l’âme du défunt  ; que la distance au pays des âmes est de quatre longues journées  ; que, dans ce voyage, l’âme a besoin d’un feu chaque nuit de campement  ; que ce feu funèbre, allumé par les proches parents du défunt, sert à éclairer et à chauffer l’âme durant sa pérégrination. Les Chippeways croient que, lorsque ce rit religieux est négligé, l’âme ou l’esprit est forcé lui-même de remplir la tâche difficile de faire et d’entretenir son propre feu.