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feuilles et racines propres à guérir les plaies  ; il les chercha, les recueillit soigneusement dans la forêt, en écrasa quelques-unes entre deux pierres et se les appliqua. Il en mâcha d’autres et les avala.

Au bout de quelques jours, il se sentit assez de force pour tenter son retour au village  ; mais la faim le dévorait. Dans l’absence de grands animaux, il vécut de petits oiseaux qu’il abattait avec ses flèches, d’insectes et de reptiles, de racines et de fruits. Après bien des fatigues, il arriva enfin sur le bord de la rivière qui le séparait de sa femme, de ses enfants et de ses amis. Le Chef poussa le cri convenu, le cri de l’heureux retour d’un ami absent. Le signal fut compris. Un canot est envoyé pour le chercher. Dans l’entre-temps, les suppositions allaient leur train pour deviner la personne étrangère qui venait de faire entendre sa voix si amicale et de prévenir de son approche. Tous ceux qui avaient fait partie de la bande guerrière se trouvaient «  présents au camp. On se demandait : «  L’inconnu, sur l’autre bord, ne serait-il pas un chasseur qui revient  ?… Ce cri ne serait-il peut-être pas une ruse des ennemis pour enlever les chevelures de nos rameurs  ?… L’envoi fait du canot fut jugé imprudent, parce qu’on ne s’était pas assuré préalablement de l’absence d’un individu du village. Pendant qu’à l’autre bord se croisaient toutes ces conjectures, le Chef s’embarquait. Bientôt il