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dominait tout le village. Les guerriers se préparèrent à faire une entrée solennelle. Ils mirent leurs plus beaux costumes, se peinturèrent le visage avec le plus grand soin, s’attachèrent les trophées, surtout les chevelures, qu’ils mettaient au bout des arcs, des casse-tête et des lances. Alors éclata un cri unanime, le cri de joie et de victoire des Chippeways, le Kumaudjeewug !… Kumaudjeewug  !… Kumaudjeewug  !… C’est-à-dire : ils ont rencontré, ou : ils ont combattu, ou : ils ont vaincu  !… Ce cri enthousiaste retentit dans tout le camp. Selon l’usage, les femmes et les enfants allèrent au-devant des guerriers pour honorer leur retour et proclamer leurs louanges. Ceux qui avaient perdu des membres de leur famille s’approchaient avec inquiétude pour s’informer et s’assurer qu’ils étaient morts en combattant vaillamment l’ennemi. Le vieillard courbé sous le poids de l’âge se console de la perte de son fils s’il a succombé en brave, les armes à la main  ; et la douleur de la jeune veuve perd toute son amertume quand elle entend les éloges donnés aux mânes de son vaillant époux. Les récits glorieux du combat allument une ardeur martiale dans les cœurs des jeunes gens  ; et les enfants, incapables encore de comprendre la cause de la fête, mêlent leurs petits cris de joie et d’allégresse aux acclamations bruyantes et réitérées de toute la tribu.

Au milieu de tout ce bruit et de toutes ces