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exclamations de joie partirent de toutes les bouches à la fois. Tous les émigrants groupés sur le tillac, saluèrent le Nouveau-Monde, autre terre promise, qui renferme leurs espérances et leur avenir. À mesure que les côtes et les objets se dessinaient plus distinctement, mes jeunes compagnons ne pouvaient rassasier leurs yeux de l’aspect de cette terre au salut de laquelle ils venaient dévouer leur vie, et dans laquelle ils seront, j’espère, des instruments de salut pour des milliers d’âmes abandonnées. Avant la fin de cette belle journée, le 7 du mois de Marie, vers les quatre heures de l’après-midi, nous nous trouvions en rade près de Staten-Island, dans le port de New-York.

Il nous restait un devoir à remplir. Au nom des voyageurs de première et de seconde classe, qui formaient plus de cent personnes, je présentai au commandant du Léopold Ier et à ses officiers un document signé par tous, et dans lequel nous leur exprimions notre reconnaissance cordiale et nos remercîments sincères pour les attentions assidues, la grande bonté et la politesse qu’ils avaient montrées à l’égard des passagers, et, en même temps, pour leur faire part de l’admiration qu’avaient provoquée en nous leurs connaissances navales dans le maniement du grand et splendide Léopold Ier. Dans tous mes voyages de mer, je n’ai pas rencontré un commandant plus capable et des officiers plus attentifs à leurs travaux. L’équipage était bien choisi et parfaitement organisé.