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entendre jour et nuit, avec ses sons les plus forts et les plus perçants, afin de donner l’alarme aux vaisseaux qui auraient pu se trouver sur notre passage. Grâce à cette précaution, nous fûmes à même de marcher avec notre vitesse ordinaire, qui était de dix à douze nœuds par heure, soit quatre lieues.

Cependant, comme nous approchions rapidement de terre et que le brouillard devenait de plus en plus intense, il semblait qu’on allait quelque peu à l’aventure  ; les observations étant demeurées impossibles, on n’était pas sans inquiétude. Nous eûmes recours au Ciel et nous dîmes ensemble le chapelet, les litanies de notre bonne Mère et des prières spéciales pour obtenir, par l’intercession des âmes du purgatoire, un ciel serein. Nos vœux parurent devoir être exaucés. Quelques heures après, les brouillards avaient disparu et nous eûmes une des plus belles soirées que l’on puisse voir sur mer : la pleine lune, se reflétant sur les ondes, brillait dans toute sa splendeur au haut du firmament étoilé et sans le moindre petit nuage. Le lendemain, le soleil se leva avec majesté. Nous vîmes un grand nombre de navires se diriger sur tous les points du compas. Enfin, tous les yeux étant tournés vers l’ouest, nous apercevons dans le lointain, au-dessus de l’horizon, comme une longue traînée de vapeurs qui s’élèvent. Les officiers braquent leur longue-vue et annoncent que ce sont les côtes tant désirées de l’Amérique. Des chants, des