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d’affection, par le grand chef Buckongahela. Il lui donna le nom de Monotawan, ou la gazelle blanche, à cause de ses formes délicates et de son admirable candeur.

Deux années après, Monotawan fut mariée à Kistalwa, avec les cérémonies et les rites en usage dans la tribu. Voici les détails de ce genre de solennité : lorsqu’un jeune homme désire entrer en ménage, il déclare son intention au père et à la mère de la fille, et, à leur défaut, aux plus proches parents et amis. Ce sont eux qui décident de la convenance du mariage. Le jeune homme prend alors son fusil, son sac à plomb et sa corne à poudre, et passe trois jours de suite à la chasse dans les plaines et les forêts voisines. S’il obtient du succès et s’il retourne avec des chevaux chargés de gibier, c’est un présage certain de bonheur et de paix pour le nouvel état dans lequel il va s’engager  ; si, au contraire, il retourne à la loge les mains vides ou avec de misérables animaux, l’augure est défavorable et les parents remettent souvent le mariage à un temps plus heureux. Le chasseur, à son retour, choisit les morceaux les plus délicats de sa chasse  ; il les place à l’entrée de la loge de sa future, et se retire sans dire une parole à qui que ce soit. Lorsque le présent est accepté, c’est un signe qu’il n’est fait aucune objection à l’union projetée, de la part des parents ou des alliés de la famille. Aussitôt les deux partis font les préparatifs qui préludent au mariage. Le jeune