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fille  ; l’autre, en témoignage de sa reconnaissance, fit présent au père de deux beaux chevaux, d’une ample quantité de tabac et de munitions.

Kistalwa ne tarda pas à faire ses préparatifs de départ et fit avertir la fille blanche. Elle eut de la peine à quitter ses parents comanches, auxquels elle s’était sincèrement attachée. Marie, par sa douceur, son intelligence et toutes les autres bonnes qualités qui la distinguaient, avait su gagner tous les cœurs de la famille peau-rouge. Celle-ci, de son côté, avait eu pour Marie, durant le long séjour qu’elle avait fait dans leur loge, tous les égards et toute l’affection de vrais parents, de sœurs, de frères. La séparation fut donc pénible  ; la peine mutuelle se manifesta par une abondance de larmes, surtout au moment des derniers adieux. Aussi, en se séparant de Marie, le vieux Comanche implorait ses manitous de protéger le sentier qu’elle allait parcourir  ; et l’ayant placée sous leur sauvegarde, il remit la jeune fille entre les mains de Kistalwa et de sa bande de guerriers.

Fiers du trésor qu’ils emportaient, ils reprirent, comme en triomphe, le chemin de leur pays. Le soleil brillait avec éclat  ; les vertes plaines fourmillaient d’animaux  ; la chasse était abondante  ; nul ennemi ne venait leur disputer le passage  ; tout fut propice pendant le long voyage.

Marie, à son arrivée parmi les Lenni-Lennapi, désormais devenus comme sa propre nation, y fut reçue, avec toutes les marques de tendresse et