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tive s’est échappée saine et sauve des mains de ses ennemis. Le vieux chef ose à peine croire ce qu’il entend. Il se lève, et, au sortir de sa loge, il a la douce consolation de revoir cette enfant chérie, que la Providence vient de lui rendre. Jugez, si vous le pouvez, de son étonnement et de son bonheur, que partage avec joie toute sa tribu  ! Toutes les mains se lèvent vers le ciel pour remercier le Grand-Esprit de la délivrance de la captive. Le bruit en vola bien vite d’une peuplade à l’autre ; et cette heureuse coïncidence, que la divine Providence permit pour le bien des Ogallalas, fut pour eux la preuve certaine du grand pouvoir de la prière chrétienne, et contribuera, j’espère, à raffermir ces pauvres sauvages dans leurs bonnes dispositions.

Le nombre d’enfants métis et indiens baptisés chez les Sioux s’élève à plusieurs centaines. Je conférai le même sacrement à six adultes fort avancés en âge, dont deux étaient nonagénaires et habitaient une petite loge en peau de buffle, où un pauvre feu réchauffait à peine leurs membres glacés par les années. Ils me reçurent avec bonheur. Je leur parlai du Grand-Esprit, de la nécessité du baptême, de la brièveté de la vie, de l’éternité heureuse ou malheureuse qui doit suivre. Ils écoutèrent avec avidité les instructions que je. leur répétai pendant plusieurs jours, et reçurent enfin le sacrement de la régénération. Ils ne se lassaient pas de me redire qu’ils n’avaient jamais