Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/348

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne plus se revoir. Marie fut arrachée des bras de son frère, le seul objet de tendresse qui lui restât sur la terre. Le fils unique d’un des chefs présents à cette scène était récemment tombé à la guerre. Ce chef réclama Louis pour prendre la place de son enfant, le mit sur un beau coursier et l’emmena dans son pays. On n’a jamais entendu parler de lui depuis. S’il vit encore, il remplace probablement aujourd’hui son père adoptif en qualité de chef comanche, et parcourt, avec ses frères les Peaux-rouges, les vastes plaines du Texas, du Nouveau-Mexique et du Grand-Désert.

Marie fut adoptée dans la famille d’un grand guerrier comanche qui la traita comme son propre enfant et qui reprit bientôt après le sentier de son pays, situé au nord du Texas. Elle était dans cette famille depuis environ sept ans lorsqu’elle accompagna ses parents indiens à un poste de traite, établi dans la partie supérieure de la rivière Rouge. Ils y rencontrèrent un grand parti de Delawares, conduit par le jeune et brave Kistalwa, fils du grand chef Buckongahela. Les deux partis échangèrent aussitôt les compliments ordinaires entre Indiens et fumèrent le calumet de la paix et de la fraternité.

Marie attira l’attention du parti delaware, surtout de Kistalwa, qui chercha à avoir un entretien avec elle. Elle consentit à l’accompagner à la loge de Buckongahela, pourvu que ses parents adoptifs donnassent leur approbation. Kistalwa