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À ce peu de paroles, que les émotions du vieillard rendaient singulièrement éloquentes, je répondis que je prenais part à son affliction, mais que lui-même devait préparer les voies aux faveurs du Ciel, et que ce serait par des actions honnêtes qu’il obtiendrait du Grand-Esprit l’accomplissement de ses vœux. J’ajoutai que, sans doute, le Maître de la vie avait été offensé par cette coupable attaque contre les Corbeaux, dont lui-même avait été le principal moteur, en sa qualité de grand chef, et qu’à lui-même il devait attribuer l’infortune de sa fille et tous les malheurs qui avaient été la suite de cette expédition. Je l’engageai à renoncer désormais à toute agression injuste contre ses voisins, et à presser sa tribu d’écouter les ordres du Grand-Esprit que je venais leur communiquer. Je finis en lui parlant des miséricordes du Seigneur, qui écoute toujours la voix des affligés, pourvu qu’ils veuillent l’aimer et le servir. Je lui promis aussi le secours de ma prière  ; et lui, de son côté, promit de suivre mes conseils.

Le Poisson-rouge retourna bientôt après dans sa tribu et rassembla tous les principaux chefs pour leur communiquer ce qui s’était passé au fort, et particulièrement ses entretiens avec la Robe noire au sujet de sa fille. Au même instant un cri de joie se fait entendre à l’extrémité du camp. On accourt de tous côtés  ; on s’informe  ; on annonce enfin la joyeuse nouvelle que la fille cap-