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sier. Son exemple mérite d’être cité partout, car il condamne cette détestable lâcheté qu’on rencontre si fréquemment de nos jours, résultat de l’affaiblissement des caractères, et véritable plaie de notre époque.

Onomatcho était un sachem[1] de la tribu des Senecas, qui faisait partie de la confédération des Iroquois. Éloquent comme Démosthènes, vaillant comme Thémistocle, sa parole irrésistible détermina les Iroquois à épouser la cause des États de l’Union quand ceux-ci s’insurgèrent contre l’Angleterre  ; l’histoire de la guerre de l’indépendance est pleine des traits de sa bravoure et de son habileté. Le 17 août 1813, à la tête de trois cents de ses compatriotes et de deux cents Américains, il surprit, en plein jour, un corps d’Anglais et d’Indiens qui combattaient sous les drapeaux de la métropole. Le cri de guerre de ces derniers fut si bien imité par un peloton de Senecas que les Anglais les prirent pour des amis, et ne s’aperçurent de leur erreur que lorsqu’ils se virent cernés de toutes parts et mis dans l’impossibilité de se défendre.

Les Iroquois Onandagas se livraient à tous les vices. Jaquette Rouge avisa au moyen de les corriger  ; il leur envoya son frère en qualité de

  1. Sachem se dit des vieillards qui forment le conseil de la nation parmi les peuplades de l’Amérique du Nord. (Note de la présente édition.)