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manière qu’il faut y passer en rampant, et qu’elle forme même un passage si étroit, qu’on l’appelle la misère de l’homme gras  ; ailleurs la galerie se déploie en salles immenses et élève ses voûtes à trois cents pieds de hauteur  ; puis, s’arrêtant devant une montagne composée de rochers brisés, ou s’ouvrant en précipice, elle s’enfonce dans de nouvelles profondeurs, menaçant de vous mener jusqu’au centre de la Terre. Dans ces grandes salles, la nature s’est plu à dessiner les formes les plus fantastiques ressemblant à des objets d’art, des champs, des vignes, des arbres, des statues, des piliers, des autels, formant autant de sculptures en stalactites produites par l’action de l’eau filtrant à travers les rochers et continuée durant de longs siècles. En traversant cette grande galerie, on passe, à deux reprises, une rivière profonde et rapide  ; on n’en connaît ni la source ni la sortie. Elle nourrit des poissons blancs et des écrevisses, dont, on trouve les espèces dans presque toutes nos rivières, mais qui sont ici entièrement dépourvus d’yeux et évidemment créés pour vivre privés de lumière dans cette rivière souterraine. Il est un endroit où il faut naviguer pendant environ dix minutes avant d’arriver à l’autre bord. On rencontre là une belle voûte, parfaitement disposée pour répéter plusieurs fois l’écho. Le Magnificat, qui y fut chanté en ma présence par quelques voix, produisit un effet que le chœur le plus nombreux d’une cathédrale ne pourrait rendre, tant