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teurs, venant de toutes les parties des États-Unis. C’est, sans contredit, l’une des curiosités les plus étonnantes du monde, ou plutôt, c’est tout un monde souterrain, avec ses montagnes, ses précipices, ses rivières, ses rives escarpées, ses dômes majestueux qui paraissent comme des temples bâtis des mains de la nature et défiant l’art d’égaler la hardiesse de ses hautes et immenses voûtes suspendues sans colonnes. La caverne a plusieurs allées ou galeries, comme les catacombes de Rome. Personne n’oserait s’y engager sans guide  ; il est bien probable qu’on ne retrouverait jamais l’entrée, à cause des innombrables détours de ce labyrinthe naturel.

Dans cette caverne règne une égalité de température remarquable : les froids de l’hiver y pénètrent à peine et les chaleurs de l’été y laissent un air doux et modéré. En descendant dans ces lieux, on entre dans une région aussi sombre que le Tartare de Virgile. Nul rayon du soleil n’y pénètre. Chacun porte à la main son flambeau. Cette lumière pâle, ce demi-jour ajoute à la sublimité du spectacle, surtout quand on rencontre quelque endroit incrusté de stalactites. Là, le reflet des flambeaux semble changer les voûtes et les parois de la caverne en une masse continue de pierres précieuses. La galerie principale, celle qu’on suit ordinairement, conduit à une distance de onze milles. Tantôt elle s’allonge comme le couloir d’un palais  ; tantôt elle abaisse sa voûte de