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rope sont venus ici dans l’espoir de se créer une condition aisée qu’ils ne trouvaient pas à réaliser dans leur pays natal trop peuplé. Mais l’état moral de cette contrée est bien différent du tableau qu’on fait de sa prospérité matérielle. Ici tous les vices et tous les crimes de l’Europe se retrouvent, avec les mêmes nuances odieuses, et parfois avec une plus grande noirceur. Les révolutionnaires, les criminels relâchés ou échappés à la justice, les vagabonds de tous les pays, les faillis cherchent ici un refuge et augmentent la désorganisation morale que le protestantisme américain, sous toutes ses différentes formes, ne fomentait déjà que trop par ses principes destructeurs.

L’on eût pu espérer que dans ce pays qui se vante d’une tolérance et d’une liberté sans exemple, la religion catholique eût été, sinon protégée, du moins mise à l’abri de la persécution. Mais il n’en est plus ainsi. Une secte s’est élevée sous le nom de Know-nothing, qu’on pourrait appeler le parti des hommes grossiers et ignorants. Un des principaux objets de leurs efforts est d’anéantir, s’il est possible, notre sainte religion dans les États-Unis. C’est une société secrète dont les membres sont liés par des serments abominables. Elle étend ses ramifications sur tout le territoire de l’Union. Leur fureur s’est déjà signalée par l’incendie des églises en plusieurs endroits ; par des insultes prodiguées aux prêtres et aux religieuses ; par des lois tracassières sur la propriété