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Dans ces entrefaites, la loge de médecine est érigée dans de grandes dimensions. Chacun y apporte ce qu’il a de plus beau et de plus précieux, pour aider à rehausser l’ornementation.

Au jour nommé, de grand matin, les chefs, suivis des hommes de médecine et de la masse du peuple, tous en grand costume et soigneusement barbouillés de différentes couleurs, se rendent en procession à la loge et y participent au festin religieux, préparé à la façon des sauvages. Pendant le repas, les orateurs font les discours d’usage : ils roulent principalement sur tous les événements de l’année qui vient de s’écouler et sur les succès obtenus ou les malheurs essuyés.

Après le festin, un brasier est allumé au centre de la loge. Douze pierres, pesant chacune deux à trois livres, y sont placées pour être rougies au feu. La victime, qui est un chien blanc, est présentée aux jongleurs par le grand chef, entouré de tous ses graves conseillers. Le sacrificateur ou maître des cérémonies attache l’animal au poteau de médecine, consacré à cet usage et peinturé de vermillon. Après avoir fait ses supplications au Wàka-Tanka, il immole la victime d’un seul coup, lui arrache le cœur et le divise en trois parties égales. Au même instant, on retire du brasier les douze pierres rougies et on les arrange en trois tas, sur chacun desquels le sacrificateur place un morceau du cœur, enveloppé dans des feuilles de kin-