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arriver à leur but  ;   » que leurs déclarations d’amitié, toutes belles et bonnes qu’elles paraissent, «  ne sont jamais entrées dans leurs cœurs  » et passent avec la même facilité «  du bout de leurs langues  ;   » qu’ils approchent l’Indien «  le sourire sur les lèvres,   » le prennent amicalement par la main pour gagner sa confiance, le tromper plus facilement, l’enivrer et le corrompre avec ses enfants. — «  Comme des serpents, disait le chef Black-Hawk dans un discours fameux, ils se sont glissés au milieu de nous  ; ils ont pris possession de nos foyers  ; l’opossum[1]et le chevreuil ont disparu à leur approche. Nous crevons de faim et de misère. Le seul contact des blancs nous a empoisonnés.  »

Ces plaintes et ces lamentations ont été mille fois répétées par les chefs indiens, lorsque les agents du gouvernement leur ont fait des propositions pour la vente de leurs terres. Il reste un faible espoir de conserver un grand nombre de sauvages, si le projet de loi présenté par le sénateur Johnson est adopté sincèrement de part et d’autre, c’est-à-dire par le gouvernement et par les Indiens. M. Johnson proposait au sénat d’établir trois gouvernements dans le territoire indien habité par les Choctaws, les Cherokees, les Creeks, les Chickasaws et autres tribus indiennes, avec la perspective

  1. Opossum. — Nom donné par les Anglo-Américains au didelphe à oreilles bicolores, dit aussi sarigue. (Note de la présente édition.)