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le mouvement de ces tristes populations qui ne sont plus aujourd’hui ce qu’elles étaient autrefois. C’est comme un corps qui s’affaisse peu à peu sur lui-même. Il perd sa grandeur, sa force, ses formes primitives. Elles ont perdu le caractère de nations  ; ce sont des individualités avec quelques anciens souvenirs, et leurs traces s’effacent peu à peu.  »

Si les malheureux habitants du grand territoire indien étaient traités avec plus de bonne foi et de justice, ils causeraient bien peu de trouble. Ils se plaignent de la méchanceté des blancs, et avec raison. On éloigne les Peaux-Rouges de leur pays natal, des tombeaux de leurs pères, auxquels ils sont religieusement attachés  ; de leurs anciens terrains de chasse et de pêche  ; ils doivent aller chercher ailleurs de quoi vivre, et bâtir leurs cabanes sous un autre climat et dans des pays qui leur sont inconnus. À peine ont-ils trouvé un peu d’aisance, sur un nouveau sol, qu’on les en éloigne une seconde et une troisième fois. Après chaque déplacement, leurs terrains deviennent plus restreints, leurs chasses et leurs pêches sont moins abondantes. Cependant, dans tous les traités, les agents officiels leur promettent, de la part du gouvernement, une protection et des privilèges qui ne se sont jamais réalisés. Est-il donc étonnant que les sauvages donnent aux blancs le nom de langues fourchues ou menteurs  ? Ils disent que les blancs «  marchent par des sentiers tortueux pour