Page:De Smet - Lettres choisies,1875.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avantageuses de leurs territoires respectifs et ne gardent qu’un terrain resserré et de peu d’étendue, appelé Réservation, insuffisant pour les besoins de chaque tribu en particulier, et peu propre à y établir leurs résidences futures.

Nous lisons journellement dans les feuilles qu’un grand nombre d’émigrants se répandent déjà sur les territoires cédés  ; cependant les stipulations de plusieurs traités passés entre le gouvernement et les tribus défendent expressément aux blancs de s’y rendre avant l’arpentage et la mise en vente des terres au profit des Indiens. Malgré cela, les émigrants y fondent leurs colonies et défient même les autorités de les en empêcher.

La nouvelle organisation du Kansas et du Nébraska vient d’abroger les lois protectrices ou Intercourse laws. Par là, elle a renversé la faible barrière qui s’opposait à l’introduction des liqueurs fortes, que les Indiens appellent si expressivement l’eau de feu. Dans quelques années ces petites Réservations, ou établissements indiens, seront entourées d’une population blanche entièrement vicieuse et corrompue. On introduira bientôt les liqueurs en abondance, pour satisfaire le goût dépravé des Indiens. Et tout cela n’a d’autre but que de dépouiller ces malheureux sauvages de ce qui leur reste de biens-fonds et d’argent. Dans cet état de choses, je ne conçois pas comment les Indiens pourront être protégés contre les malheurs qui vont les atteindre de tous côtés. Avant