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même même était vieux  ; ses jours de gloire et de bonheur étaient passés. Il n’avait plus à conduire des gens sur lesquels il pût exercer son influence et à l’aide desquels il pût accomplir ses exécrables desseins d’empoisonnement.

Après cette défaite, la troupe de Tchatka étant devenue trop faible pour former un camp à part se réunit aux gens du nord  ; ceux-ci forment une autre branche de la puissante nation assiniboine. Dès lors, Tchatka cessa de s’occuper des affaires publiques. Il continua toutefois à passer pour un grand homme de médecine, et fut encore consulté parfois dans les occasions solennelles et dangereuses. Il ne cessa, jusqu’à sa mort, d’inspirer à tous ceux qui l’approchaient un certain respect mêlé toutefois d’appréhension et même de terreur.

Telle vie, telle mort, dit l’ancien proverbe  ; c’est assez ordinairement le cas. La fin de ce méchant homme ne fut pas moins remarquable que la vie qu’il avait menée. Voici ce qu’un témoin oculaire en rapporte. Je cite l’autorité de M. Denig, mon ami intime et homme de toute probité. C’est de lui que je tiens tous mes renseignements sur les Assiniboins  ; il a résidé au milieu d’eux pendant plus de vingt-deux années.

Dans l’automne de 1843, les gens du nord se rendirent au fort Union pour faire l’échange ou la traite de leurs pelleteries. Le premier qui se présenta à l’entrée du fort pour serrer la main de M. Denig fut le vieux Tchatka, qui, en riant, lui