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et nous nous soumettrons à ses ordres que tu nous feras connaître.  » En attendant que leurs vœux puissent s’accomplir, je me crus très-heureux de rencontrer là un métis[1] catholique assez bien instruit dans sa religion, qui me promit de leur servir de catéchiste.

Cette attention si extraordinaire des sauvages, et cette espèce d’avidité qu’ils apportent à entendre la parole de Dieu, doivent paraître surprenantes dans un peuple qui semble réunir toutes les misères intellectuelles et morales. Mais l’Esprit du Seigneur souffle où il lui plaît  ; ses grâces et ses lumières préviennent et aident des hommes que l’ignorance a rendus méchants, bien plus qu’une volonté perverse et désordonnée. Du reste, ce même Esprit qui obligea les plus rebelles à s’écrier avec Saint Paul : «  Seigneur, que voulez-vous que je fasse  ?   » peut aussi adoucir les cœurs les plus farouches, échauffer les plus froids, produire la paix, la justice et la joie là où auparavant régnaient l’iniquité, le trouble et le désordre. Le grand respect et la grande attention que les pauvres Indiens témoignent, dans toutes les occasions, au missionnaire qui vient leur annoncer la parole de Dieu, sont pour celui-ci la source de beaucoup de consolations et d’encouragements. Il trouve le

  1. Métis, qui est né d’un blanc et d’une Indienne (d’Amérique), ou d’un Indien (d’Amérique) et d’une blanche  ; on dit mulâtre quand il s’agit de l’enfant d’un blanc et d’une négresse, ou d’un nègre et d’une blanche. (Note de la présente édition.)