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malgré cela, elle prévint son mari du danger qui les menaçait tous. Le mari aussitôt se rendit auprès du surintendant du fort et lui exposa le danger de la situation. On appela les employés, les uns après les autres, sans éveiller le moindre soupçon. Ils quittèrent leurs appartements, furent armés en un clin d’œil, prirent possession des bastions et des points importants de la place. Toutes les précautions étant prises, Tchatka et les principaux braves de sa bande furent invités à se rendre au salon du commandant. Celui-ci aussitôt leur reprocha ouvertement leur noire perfidie. Les sauvages nièrent le fait de la conspiration. Malgré leurs protestations, le commandant leur donna le choix, ou de quitter le fort à l’instant même, ou d’en être chassés par la bouche des gros fusils (canons) qui étaient braqués contre eux. Tchatka, sans hésiter, accepta pour lui et les siens la première proposition et se retira confus et chagrin d’avoir perdu une belle occasion de s’enrichir des dépouilles de ses ennemis les blancs.

Tchatka avait enfin épuisé son sac à médecine, ou sa provision de poisons. Ses amis du nord avaient refusé de lui en fournir davantage, il voulut cependant s’en procurer encore  ; car le poison était pour lui l’unique moyen de se débarrasser de ceux qui pouvaient s’opposer à son ambition et contrarier ses plans. Il faisait ses coups avec tant d’adresse et si secrètement, que les sauvages étaient dans la ferme persuasion qu’ils dépendaient tous de la