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affreux barbares. Tout ce qu’un cœur inhumain et sans pitié peut inventer de tortures fut mis en pratique dans cette horrible tuerie. Les Assiniboins déclarent qu’ils se rassasièrent de cruautés, pour satisfaire les mânes de leurs parents défunts, la haine implacable et le désir de vengeance nourris depuis longtemps contre les Pieds-Noirs, leurs mortels ennemis. Le nombre de chevelures enlevées surpassa de beaucoup celui des têtes représentées sur le grand tambour.

En retournant à leur pays, dès le premier campement qu’ils firent, un des guerriers vint dire à ses compagnons, et assez haut pour que Tchatka pût l’entendre, «  que le chef pied-noir n’avait été, ni vu ni tué.  » Tchatka répondit : — «  Notre œuvre n’est donc pas achevée : nous aurons une autre rencontre avant de revoir nos foyers. Le chef pied-noir mourra. Je l’ai vu sans chevelure dans mon rêve ; tel il a été peint sur le tambour par les manitous. Sa tête sera scalpée avec son propre couteau.  »

Une pluie légère était tombée la nuit et un brouillard épais obscurcit le ciel pendant la matinée. Toute la bande des guerriers dut se tenir réunie, pour ne point s’égarer. Après une marche de quelques heures, des coups de fusil partirent du front de la ligne et apprirent à ceux de l’arrière-garde qu’une attaque venait de commencer. Chacun se pressa d’aller rejoindre les combattants. C’était la rencontre d’une troupe de vingt à trente