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des trente faibles loges des Pieds-Noirs. Tout à coup un cri de guerre et de vengeance qu’ils firent retentir à la fois, comme autant de furies altérées de sang, réveilla et remplit d’effroyable épouvante les malheureuses mères et les pauvres petits enfants, qui se trouvaient là sans la moindre protection. Selon leur attente, les Assiniboins ne trouvèrent que peu d’hommes dans le camp  ; tous étaient engagés dans le parti de guerre dont j’ai fait mention. Le petit nombre des jeunes Pieds-Noirs qui étaient là ne pouvaient résister longtemps à tant d’ennemis. Le combat fut court  ; le carnage sanglant et affreux. Les vieillards, les femmes, les enfants furent une proie facile à détruire pour les cruels Assiniboins. Deux jeunes Pieds-Noirs seulement échappèrent à cette horrible boucherie. Un Assiniboin, qui s’était trouvé dans ce combat, en fit plus tard le récit à M. Denig et déclara que, de sa propre main, il avait tué quatorze enfants et trois femmes. M. Denig lui demanda s’il les avait tués à coups de flèches. — «  Quelques-uns, répondit-il  ; mais le reste a péri par le casse-tête et la dague.  » — Il ajouta qu’ils arrachèrent des bras de leurs mères et enlevèrent un grand nombre de petits enfants, et que, chemin faisant, dans leurs chants et danses de chevelures, ils s’amusaient à les écorcher vifs et à leur passer des bâtons pointus à travers le corps, pour les rôtir tout vivants. Les cris perçants de ces innocentes créatures n’étaient rien à l’oreille de ces