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louve les abrite dans un trou  ; le chevreuil et le cabri les couvrent de foin. Lorsque vous chassez les élans et les cerfs, avant de tirer dessus ne regardez-vous pas d’abord à travers les arbres et les broussailles ? Lorsque vous allez à la poursuite des blaireaux et des renards, vous cherchez soigneusement leurs gîtes. Maintenant que quelqu’un aille examiner le petit bois près du gros rocher, au bout de la plaine où nous sommes.  »

Aussitôt plusieurs sauvages des plus courageux et des plus expérimentés vont à la découverte. À la faveur des ténèbres, ils entrèrent tout doucement dans la petite forêt et firent toutes leurs observations sans être aperçus. Vers minuit, ils revinrent trouver Tchatka et leurs compagnons disant : «  qu’ils avaient découvert le campement pied-noir dans l’endroit indiqué par le chef  ; que les loges n’étaient habitées que par des vieillards, des femmes et des enfants  ; qu’ils avaient pu distinguer très-peu de jeunes gens  ; que tous les chevaux étaient partis.  » Cette nouvelle remplit de joie ces féroces guerriers. Le reste de la nuit se passa en chants et en danses de guerre avec accompagnement du gros tambour  ; il y eut des jongleries et des invocations aux manitous  ; Tchatka avait été inspiré par eux pendant cinq jours et cinq nuits  ; et ils avaient conduit son esprit dans le pays des âmes.

À la pointe du jour, les quatre cents guerriers assiniboins étaient rangés silencieusement autour