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triomphe à notre campement sur les bords du Niobrarah. De mon côté, je fais une petite distribution de tabac, présent qu’ils semblent apprécier plus que tout autre  ; on fume fraternellement le calumet qui passe de bouche en bouche, et bientôt ils me prodiguent, ainsi qu’à mes compagnons, les marques les plus affectueuses de bienveillance et de respect. Telle fut l’heureuse issue d’une rencontre qui nous avait d’abord inspiré de si justes craintes. Mais les vues miséricordieuses de la Providence s’étendaient encore plus loin. Ils me prièrent de les accompagner dans leur village, à quatre milles de là, pour y passer la nuit au milieu d’eux. Je me rendis d’autant plus volontiers à leur invitation, qu’elle devait me procurer une occasion favorable de leur annoncer les vérités de la foi. Aussi ne perdis-je point de temps, et, peu après mon arrivée, toute la tribu, au nombre de plus de mille personnes, se trouvait rangée autour de la Robe noire. C’était la première fois que les Ponkahs entendaient prêcher Jésus-Christ par la bouche de son ministre. Leur sainte avidité et l’attention qu’ils prêtèrent à mes paroles me firent prolonger mes instructions bien avant dans la nuit.

Le lendemain, je baptisai un grand nombre de leurs petits enfants, et quand le moment de la séparation fut arrivé, ils me prièrent avec les plus vives instances de renouveler ma visite et de venir me fixer au milieu d’eux. «  Nous écouterons volontiers la parole du Grand-Esprit, me disaient-ils,