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que la petite armée avait à suivre. Vers le soir, ils entrèrent dans une partie épaisse de bois, sur le bord d’un mince ruisseau, y érigèrent à la hâte une espèce de parapet ou de défense avec des troncs d’arbres secs, et passèrent une nuit tranquille. Dans la matinée du second jour, ils rencontrèrent des troupeaux innombrables de buffles, et s’arrêtèrent quelques instants pour renouveler leurs provisions.[1] Vers le soir, un des éclaireurs revint sur ses pas et communiqua en secret avec Tchatka. Ensuite après avoir marché encore plusieurs milles, le chef, au son de son tambour, rassembla tous ses guerriers, et leur montrant du doigt une haute colline à quelques milles de distance, il leur apprit qu’ils y verraient les traces du parti de guerre pied-noir dont il avait rêvé avant de quitter le camp. Plusieurs

  1. Je vous ai souvent parlé des bisons ou buffles improprement dits, sans vous faire connaître suffisamment les grands avantages que les Indiens retirent de ces animaux intéressants. Ils en obtiennent presque tout le nécessaire de la vie. Les peaux leur servent de loges ou habitations, de vêtement, de literies, de brides et de couvertures de selles  ; de vases pour contenir l’eau  ; d’esquifs pour traverser les lacs et les rivières  ; avec le poil, ils font tous leurs lacets et leurs cordages  ; avec les nerfs, ils fabriquent les cordes des arcs et tous les liens nécessaires aux habits, ainsi que la colle dont ils se servent  ; l’omoplate de l’animal leur sert de bêche et de pioche. L’année dernière, cent mille peaux de buffles ont été envoyées du désert aux marchands de Saint-Louis  ; avec le produit de leur vente, les sauvages se procurent des armes et tout ce dont ils ont besoin.