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de ses gens, ils mépriseront son autorité et le quitteront à la moindre opposition qu’ils rencontreront de sa part  ; car les usages indiens ne comportent aucuns moyens par lesquels le chef pourrait faire respecter ou renforcer son pouvoir.

Il arrive rarement, chez les tribus de l’Ouest, qu’un chef parvienne à exercer une grande puissance à moins qu’il ne soit à la tête d’une nombreuse parenté. J’ai rencontré des villages entiers composés de parents et de descendants du chef  ; ces sortes de familles nomades ont un certain caractère patriarcal, et sont généralement les mieux gouvernées et les plus pacifiques. Le chef y est moins un maître qu’un père  ; il n’a autre chose à cœur que le bonheur de ses enfants. On peut dire, en général, des nations indiennes, qu’étant peu unies entre elles, déchirées même par les jalousies et les discordes, il est bon que le pouvoir soit restreint et dispose de peu de force.

Retournons à Tchatka, le grand chef élu de la principale bande de la nation des Assiniboins. Il se trouvait donc à la tête de plus de quatre cents guerriers. Ils marchèrent le reste de la nuit et pendant toute la journée du lendemain, avec les plus grandes précautions et en bon ordre, afin d’éviter toute surprise de la part de l’ennemi. Quelques éclaireurs seulement parcouraient et battaient la campagne tout à l’entour, laissant sur leur passage des jalons ou des baguettes plantées en terre et inclinées de manière à indiquer la route