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leurs instances et dit : «  Amis et parents, j’oublie tous les torts que j’ai essuyés. Si mes prédictions s’accomplissent, si nous trouvons le campement pied-noir que j’ai indiqué, si nous arrachons à nos ennemis autant de chevelures qu’il y a de têtes scalpées marquées sur mon tambour, croirez-vous à ma grande médecine  ? Si je vous dis que, le second jour après notre départ, nous découvrirons la piste du parti de guerre qui a passé près de notre camp, si nous tuons sur le champ de bataille le grand chef des Pieds-Noirs, et que vous le voyiez, tel qu’il est représenté sur mon tambour, sans chevelure et sans mains  ; si tout ce que j’ai prédit s’accomplit à la lettre, m’écouterez-vous et répondrez-vous à l’avenir à mon appel  ?   » — Tous acceptèrent à l’envi.

Aussitôt Tchatka se lève, et entonne avec énergie le chant de guerre au son du tambour et aux acclamations de la tribu. Il rejoignit ensuite sa bande, mais sans prendre d’armes, n’apportant pas même un couteau. Il ordonna de fixer son tambour sur le dos d’un bon cheval, qu’un de ses fidèles espions et coureurs de plaines et de forêts conduisait par la bride à ses côtés.

Pour mieux faire comprendre l’événement qui se prépare, un mot d’explication sur les chefs indiens est ici nécessaire. Chaque nation est divisée en différentes tribus, et chaque tribu compte plusieurs villages. Chaque village a son chef, auquel on obéit, pourvu que