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venger la mort de leurs parents et d’effacer la honte et l’opprobre des défaites infligées à la nation. Tout dans le camp respirait la guerre. L’homme qui l’avait excitée se tenait seul à l’écart. Tranquille dans sa loge, à côté de son tambour, il ne voulait ni prendre part aux réjouissances communes, ni se joindre aux chanteurs et à la danse du combat.

Lorsqu’on fut prêt pour le départ, plusieurs vieillards vinrent comme députés vers Tchatka, pour le prier de se mettre à la tête des guerriers et de les conduire en personne. Il leur répondit : — «  Il y a quelques jours, vous avez été les témoins de tout ce qui s’est passé, de la haine que je me suis attirée de la part d’un grand nombre en prédisant deux événements importants. Je suis trop jeune  ; je ne suis point un chef habile  ; choisissez un homme d’une plus grande expérience et plus âgé que moi, pour conduire les braves à la mêlée et à la victoire. Je resterai ici. Laissez-moi à mes rêves et à mon tambour.  »

Les députés reportèrent la réponse à leurs camarades  ; mais ceux-ci insistèrent de nouveau pour que Tchatka se mît de leur parti. Une nouvelle députation, formée cette fois des plus proches parents d’Istagon, vint trouver Tchatka au nom de tout le camp, et lui annonça que désormais il serait leur chef de guerre, qu’il conduirait le camp, que tous lui promettaient respect et obéissance. Après quelques hésitations, Tchatka se rendit à