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l’instinct des sauvages pour la guerre, en songeant à l’expression significative dont ils se servent pour la désigner : ils l’appellent le souffle de leurs narines. Chaque famille dans le camp comptait plusieurs parents et amis massacrés par leurs redoutables adversaires. Le discours de Tchatka avait donc réveillé dans les cœurs la plus violente soif de vengeance. Le sassaskwi, ou cri de guerre, fut la réponse unanime de tous les guerriers du camp. On alluma partout des feux de joie, autour desquels se formèrent des groupes pour chanter les invocations aux manitous et exécuter la danse des chevelures. Ensuite chacun repassa ses armes ; la scène se changea en un vaste atelier. Les hommes s’occupaient à affiler les haches et les dagues à deux tranchants, à raviver les pointes d’acier des lances et des flèches, à vermillonner les massues et les casse-tête, à brider et à seller les chevaux ; tandis que les femmes raccommodaient les mocassins, les guêtres, les sacs de voyage et préparaient les provisions nécessaires pour l’expédition. Comme cela se fait à l’occasion d’un grand gala, chacun se barbouillait la figure de plusieurs couleurs, selon sa fantaisie, et se paraît des pieds à la tête de ses plus beaux ornements. Jamais un enthousiasme si vif et si unanime à la fois ne s’était manifesté dans la tribu. Tous avaient pleine confiance dans les promesses de Tchatka et comptaient avec assurance sur la victoire. Les guerriers se félicitaient d’avoir enfin trouvé l’occasion de