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large  ; cette section ne ressemblait pas mal à une baratte. L’une des extrémités fut couverte d’une peau de cabri  ; l’autre reçut un fond de bois. Il employa plusieurs jours à façonner, à couper, à gratter l’intérieur de ce singulier tambour, afin de le rendre plus léger. Sur l’extérieur de son tchant-cheê-ga-kabo, il peignit les figures d’un ours gris, d’une tortue et d’un taureau-buffle, puis trois grands génies de l’olympe indien. Tout l’espace compris entre ces trois horribles figures représentait des têtes humaines sans chevelure, au nombre d’environ quatre-vingts. Un chef Pied-Noir, sans chevelure, était représenté peint en noir sur la peau du tambour, et barbouillé de vermillon.

Tchatka avait achevé son œuvre et fait ses préparatifs. Au milieu de la nuit, la voix du terrible chef se fit entendre, accompagnée du bruit de son tchant-cheê-ga-kabo, qui retentit dans tout le camp. Comme s’il sortait d’une extase, il fait à haute voix ses invocations au Grand Esprit et à tous ses manitous favoris  ; il les remercie des grandes faveurs dont ils venaient de nouveau de le combler et dont les effets allaient se faire sentir dans la tribu. Tout le monde obéit à son appel  ; on accourt à sa loge. Les conseillers et les principaux d’entre les braves arrivent les premiers et remplissent bientôt la tente de Tchatka, tandis que des centaines de curieux, vieux et jeunes, se réunissent et attendent au dehors. La curiosité est à son comble  ; on brûle d’apprendre le dénoûment des nouvelles