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encore nécessaire pour gagner à lui les indécis, les mécontents et les incrédules. Les circonstances se prêtaient admirablement à son dessein ; il fallait agir pendant que les prodiges de la pierre mystérieuse étaient encore frais dans la mémoire de tous. Il arrive du reste assez ordinairement qu’à la mort d’un chef, une tribu considérable se partage en différentes bandes, surtout lorsque quelque désaccord les divisait antérieurement. Tchatka se renferma donc, pendant plusieurs jours, dans sa loge, sans communiquer, en apparence, avec personne. On était dans l’attente de quelque autre merveille ; on discutait déjà les causes et les motifs de cette longue retraite ; on se perdait en conjectures ; tout le monde était néanmoins persuadé qu’une nouvelle manifestation, soit bonne soit mauvaise, allait avoir lieu. Le cinquième jour de la retraite de Tchatka, un mécontentement assez général se manifesta parmi les sauvages ; ils voulurent se disperser.

Mais le fameux Tchatka, cette Grande Médecine, l’espoir des uns et la terreur des autres, à quoi s’occupait-il si tranquillement dans sa loge  ? À rien autre chose qu’à faire un tambour ou tchant-cheê-ga-kabo, d’une dimension telle, que jamais sauvage n’avait conçu l’idée d’en construire un semblable. Quelque temps auparavant, dans la préméditation de son exploit, il avait scié secrètement dans le sens du diamètre un morceau d’un gros arbre creux, très-propre à son dessein. La hauteur était d’environ trois pieds, sur deux de