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une livre de poudre. Une traînée de la même poudre, dissimulée soigneusement, partait de l’endroit où il était assis vers le trou pratiqué dans la pierre. Tchatka saisit un moment favorable pour allumer un amadou ou bois à mèche, et au même instant que l’on vint annoncer la mort de son oncle, il mit le feu à la traînée, et la pierre éclata tout à coup.

Ces ruses et cette perfidie du Gaucher doivent certes paraître bien simples dans le monde civilisé, mais parmi les pauvres sauvages, le cas est bien différent  ; ils ignoraient encore, alors, l’usage destructeur du poison et de la poudre, ces deux terribles agents. Il n’est donc point étonnant qu’ils n’y virent que du Wah-kon, c’est-à-dire, du surnaturel et de l’incompréhensible.

À sa mort, Istagon laissa un grand nombre d’amis, surtout parmi les guerriers qui lui avaient été sincèrement attachés, à cause de sa bravoure. Plusieurs d’entre eux, moins crédules que les autres, n’eurent plus que des regards sévères et menaçants pour Tchatka, chaque fois qu’il se montrait en public. Celui-ci vivait très-retiré et quittait rarement sa loge ; le dédain et l’aversion à son égard étaient donc peu remarqués. D’ailleurs, Tchatka n’était pas sans appui. Comme je l’ai déjà fait observer, sa parenté était nombreuse : les membres de sa famille réunis aux partisans sur lesquels il pouvait compter, formaient le quart de tout le camp, ou environ quatre-vingts loges.

Tchatka était persuadé qu’un grand coup était