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plus jeter dans la loge que de faibles lueurs, qui se reflétaient de temps en temps sur des figures sombres et sinistres. Dans les intervalles, des coureurs venaient annoncer les progrès de la maladie : — «  Istagon est dans des transports terribles et ne fait entendre que des cris de rage et de désespoir contre son neveu… Les convulsions s’affaiblissent… La parole commence à lui manquer. À peine peut-on l’entendre… Il est dans son agonie… Istagon est mort  !   » — Des cris déchirants éclatèrent à cette dernière nouvelle. Au même instant la pierre mystérieuse se brisa en mille morceaux, avec un fracas de tonnerre qui remplit d’épouvante tous les assistants. En volant en éclats, elle répandit dans la loge des cendres et du feu, et blessa grièvement quelques-uns des observateurs. Étourdis et terrifiés, tous prennent la fuite et s’éloignent du lieu de cette scène de vertige. L’indignation qui les animait tantôt contre Tchatka fit place à une crainte mêlée de respect pour lui  ; ils n’osèrent plus l’approcher. Le pouvoir surnaturel de la pierre Wah-kon fut reconnu, et celui qui avait su commander au feu du ciel fut honoré dans le camp du titre de Wah-Kon-Tangha, c’est-à-dire, l’homme de la grande médecine.

Voici maintenant l’explication de toute cette puissance prétenduement surnaturelle : le rusé sauvage s’était préparé de longue main au rôle qu’il venait de jouer. Il avait creusé la pierre jusqu’à moitié quelques jours auparavant et l’avait chargée d’environ