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loge. Le Wah-kon du Gaucher consistait en une pierre peinte en rouge et entourée d’une rangée circulaire de petits bâtons d’environ six pouces de long. Ce Wah-kon se trouvait à une petite distance d’un feu qui brûlait au centre de la loge, et vis-à-vis de l’endroit où Tchatka était assis.

Aussitôt que l’assemblée se trouva réunie au grand complet, Tchatka lui fit remarquer son Wah-kon. Il déclara que la foudre, pendant un orage nocturne, avait lancé cette pierre au milieu de sa loge  ; que la voix du tonnerre lui avait dit qu’elle possédait le don de prophétie  ; il ajouta que la pierre Wah-kon lui avait annoncé qu’un grand événement allait avoir lieu dans le camp, que cette nuit même le chef le plus vaillant et le plus brave de la tribu se débattrait entre les bras de la mort, à laquelle il n’échapperait point  ; et qu’un autre, plus favorisé que lui par les manitous, prendrait sa place et serait proclamé grand chef du camp  ; qu’à l’instant même où le chef expirerait, la pierre Wah-kon disparaîtrait avec bruit pour accompagner l’esprit du défunt au pays des âmes.

Un morne silence succéda à cette étrange révélation. L’étonnement, mêlé d’une crainte superstitieuse, était peint sur toutes les figures. Personne n’osa contredire le discours de Tchatka ou révoquer ses paroles en doute. D’ailleurs, en maintes occasions déjà, ses prédictions s’étaient réalisées juste au temps marqué. Sans être clairement désigné, celui de qui la mort était prédite se trouvait