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l’affreux dessein de se défaire de ses compétiteurs. Il déploya dans l’exécution de son horrible projet toute sa ruse et toute sa fourberie. J’ai déjà fait allusion aux poisons qu’il possédait. Par des expériences secrètes, il s’était assuré de leur force et de la nature de leurs effets. Il en donna lui-même ou en fit donner si adroitement, tantôt à l’un, tantôt à l’autre, qu’on ne concevait pas le moindre soupçon sur son compte. Son rôle de prophète l’aida merveilleusement : il prédit à ses victimes, souvent plusieurs semaines ou plusieurs mois d’avance, qu’ils n’avaient plus longtemps à vivre, d’après les révélations qu’il avait reçues de son Wah-kon et de ses manitous. L’accomplissement de ces sortes de prédictions établit sa réputation  ; il obtint le titre de Fort en médecine. Les pauvres sauvages le regardaient avec crainte et respect, comme un être qui pouvait à son gré disposer de leur vie. Plusieurs lui firent des présents de chevaux et d’autres objets, pour ne pas figurer sur la liste de ses fatales prédictions.

Le personnage le plus accrédité et le plus courageux de la tribu assiniboine, le principal obstacle à l’ambition du Gaucher ou Tchatka, était son propre oncle. Celui-ci, homme de haute stature, joignait à la bravoure une hardiesse et une violence auxquelles personne n’osait s’opposer. Il portait le nom de l’Arc ambulant ou Itazipa-man, et était renommé par ses hauts faits dans les combats. Sa robe, son casque, ses vêtements, sa lance, son casse-tête, et