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L’industrie du colon essayerait en vain de labourer et d’ensemencer cette terre mouvante et stérile  ; jamais la moisson ne viendrait couronner ses efforts. Mais si elle n’offre aucun intérêt au laboureur et peu au botaniste, le géologue et le naturaliste y trouveraient une abondante matière d’études et d’observations. Ils y recueilleraient un monde de pétrifications de toutes les grandeurs et de toutes les espèces  ; ils y verraient des débris curieux du mastodonte ou mammouth, le plus grand des quadrupèdes connus, mêlés avec ceux du petit lièvre des montagnes. J’ai vu des têtes entières très-bien conservées, des cornes, des tortues d’une grandeur énorme que deux hommes pouvaient à peine soulever. Toutes portaient distinctement les empreintes de leur nature primitive.[1] J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect,

Messieurs,
Votre très-humble et très-obéissant, serviteur,


P. J. De Smet, S. J.
  1. Le docteur Heyden, géologue américain, a parcouru ce désert en 1855, et en est revenu avec une forte cargaison de spécimens pour enrichir les musées de Washington. (Note de la présente édition.)