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me faut une réponse sérieuse, et qu’elle décidera si la paix est possible ou s’il faut continuer la guerre à mort entre nos tribus.  » — Le Cerf Pommelé tira alors la chevelure de son sac à plomb, la déploya à leurs yeux, et s’écria : — «  Dites-moi, Corbeaux, à qui appartient cette chevelure  ? Qui, parmi vous, réclame ce trophée  ?   » Ceux d’entre les Corbeaux qui ignoraient les tristes circonstances se regardèrent avec surprise  ; ils pensaient que les Pieds-Noirs voulaient chercher un motif de querelle. Personne ne répondit. Le chef reprit de nouveau : — «  Personne ne me répondra-t-il  ? Faut-il que j’appelle une femme pour interroger des guerriers  ?   » Faisant signe à la voleuse de la chevelure de s’approcher, il lui dit : «  Femme, indiquez à qui d’entre ces braves le trophée appartient.  » — Aussitôt sans hésiter, elle montra du doigt l’un des deux frères Corbeaux. Tous les regards se portèrent soudain sur lui. Le chef Pied-Noir, s’approchant gravement du meurtrier, lui dit : — «  Connais-tu cette chevelure  ? Est-ce toi qui l’as enlevée  ? Craindrais-tu de nous avouer ton crime à cette heure  ?   » — D’un seul bond le jeune Corbeau se plante en face des Pieds-Noirs, et s’écrie : — «  Cerf Pommelé, je suis sans peur. Oui, c’est moi qui ai enlevé cette chevelure. Si j’ai essayé de la cacher, je l’ai fait avec le désir de te nuire davantage. Tu me demandes à qui est cette chevelure ? Regarde les franges velues de ta chemise et de tes guêtres  ; je te demande à mon tour