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Corbeau. Ils s’acheminèrent alors de concert dans la direction du camp  ; mais pour y arriver, il fallait suivre un sentier qui serpente à travers un ravin profond et solitaire. C’est là que la ruse fut bientôt découverte : les deux Pieds-Noirs reçurent soudain des coups mortels et furent assassinés lâchement par les frères Corbeaux, qui enlevèrent les chevelures à leurs victimes. Ils tuèrent ensuite, à coups de flèches, les chevaux, et les cachèrent avec les cadavres au milieu de broussailles épaisses. Les meurtriers mirent avec soin les chevelures dans leurs sacs à plomb. Ils enlevèrent de leurs habits les moindres traces de sang et rejoignirent leurs compagnons, sans faire connaître à personne l’acte cruel de vengeance privée qu’ils venaient de consommer si abominablement.

Le lendemain de ce crime atroce, les députés Corbeaux firent leur entrée solennelle dans le camp des Pieds-Noirs, et y furent reçus, par les chefs et les guerriers, avec la plus vive cordialité et tous les égards de l’hospitalité.

Les Pieds-Noirs se montrèrent favorables à la paix. Ils entendirent avec joie les propositions que les Corbeaux leur firent par leur interprète et guide, qui était naguère chez eux le prisonnier Pied-Noir. Toutes les politesses et toutes les attentions furent prodiguées aux Corbeaux en cette circonstance : on les invita à un grand nombre de festins, aux amusements et aux jeux publics donnés en leur honneur, et qui se prolongèrent bien avant dans la