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ceux-ci se trouvèrent forcément engagés dans des guerres continuelles, tantôt avec l’une, tantôt avec l’autre de ces tribus. Aussi, durant les dix dernières-années une grande diminution de population eut lieu  ; ils perdirent plus de quatre cents guerriers.

Les Corbeaux ont eu cependant la paix de temps en temps avec certaines bandes de Pieds-Noirs, de Sioux, d’Assiniboins, etc. Un fait assez remarquable c’est qu’ils n’ont jamais été les premiers à violer une trêve conclue, sauf dans le cas que je vais vous exposer.

En 1843, le grand chef des Corbeaux était appelé Tezi Goë. Il était renommé autant par sa bravoure à la guerre que par sa sagesse dans les conseils et par l’amour qu’il portait à toute sa nation. Voyant avec peine les dommages que les incursions incessantes des ennemis causaient à sa tribu, il résolut de conclure une paix solennelle, sinon avec tous, du moins avec une partie de la nation des Pieds-Noirs. Il prit ses arrangements et convoqua son conseil pour délibérer sur les moyens prompts et efficaces de réussir dans son dessein. Les guerriers s’empressèrent d’assister au conseil. Après avoir discuté les différents points, on décida qu’un parti de vingt-cinq guerriers se rendrait au camp des Pieds-Noirs et leur offrirait le calumet de paix. Le guide choisi pour conduire cette bande était Pied-Noir de nation, avait été fait prisonnier par