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enrôlé s’arme et se pourvoit lui-même de tout ce dont il aura besoin pendant l’expédition.

La considération publique, parmi les Indiens, paraît être mesurée pour chaque individu à sa valeur guerrière ; c’est un point important : La narration de leurs aventures et de leurs actes de bravoure, leurs danses, leurs cérémonies religieuses, les discours des orateurs dans les assemblées, tout ce qui peut enflammer l’esprit du sauvage se rapporte à l’idée de se distinguer un jour à la guerre. C’est sa marotte.

Il me reste à vous parler des Corbeaux. Cette nation est considérée comme la plus vaillante de toutes les tribus du nord ouest de l’Amérique. Elle compte environ quatre cent quatre-vingts loges, à dix personnes par loge, et occupe toute la vallée de la Roche-Jaune, principalement les régions qui se trouvent à la base de la première rangée des Montagnes-au-Vent, ou Côtes Noires, et des montagnes Rocheuses. C’est une des plus belles races du désert ; ils sont grands, robustes et bien formés, leurs yeux sont perçants et décèlent de la hardiesse, leur nez est aquilin et leurs dents sont blanches comme l’ivoire. Supérieurs en intelligence à tous leurs voisins, ils les surpassent aussi dans le culte du Wah-kon, c’est-à-dire, dans les cérémonies superstitieuses qui président à tous leurs mouvements et à toutes leurs actions. Voici un détail qui prouve à l’évidence la vérité de mon assertion. J’y ai donné moi-même occasion.