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Une grande partie du territoire soshoco est sablonneuse et stérile, couverte d’absinthes, grande et petite, et d’artémises  ; les sauterelles y fourmillent  ; ce sont ces lieux que les pauvres Soshocos fréquentent. Lorsqu’ils sont assez nombreux, ils font la chasse ensemble. Ils commencent par pratiquer une excavation de dix à douze pieds de diamètre sur quatre à cinq pieds de profondeur  ; ils s’arment de longues branches et entourent un champ de trois à quatre arpents, plus ou moins, d’après le nombre des personnes engagées. Ils se placent à une distance d’environ vingt pieds les uns des autres  ; toute leur opération ensuite consiste à frapper la terre pour effrayer et faire lever les sauterelles. Ils les poursuivent enfin en s’approchant peu à peu du centre, où a été creusé le trou pour recevoir les insectes. La quantité de sauterelles est si considérable que trois ou quatre arpents en fournissent assez pour remplir le réservoir.

Les Soshocos s’arrêtent dans un même endroit aussi longtemps que durent leurs provisions. Que voulez-vous  ! ils ont leur goût comme les autres : quelques-uns mangent ces locustes en soupe ou potage  ; d’autres les écrasent et en font un pâté, qu’ils durcissent au soleil ou au feu  ; il en est qui les croquent différemment, c’est-à-dire que, prenant des baguettes pointues avec lesquelles ils enfilent les plus grosses sauterelles, ils plantent ensuite ces baguettes en terre autour du feu,