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on se querelle, on se bat. C’est un spectacle unique et pittoresque au possible  ; une scène vraiment de sauvages, une sorte de pandémonium, impossible à décrire.

Dans la chasse que j’ai essayé de vous dépeindre et à laquelle j’ai eu l’honneur d’assister, plus de six cents bisons furent tués.

Après l’abattage des animaux, les peaux et les chairs, soigneusement mises en différents tas, sont divisées entre les familles d’une manière proportionnelle au nombre de membres qui les composent. Les quartiers sont ensuite coupés en tranches et séchés  ; les os pilés après qu’on en a extrait la graisse. Les chiens reçoivent aussi leur part du festin et dévorent tout ce qui reste sur le sol de l’arène. Deux jours après la chasse, tout vestige de ce grand carnage a disparu.

Avant de se séparer et de quitter le campement, les sauvages passent encore plusieurs jours ensemble en festins et en réjouissances. Un de Keyser ou un Verboeckhoven devrait pouvoir assister à une de nos scènes si animées du grand désert  ; il y trouverait le sujet d’un splendide tableau  ; la petite esquisse qui accompagne ma description ne peut vous en donner qu’une faible idée.

Un ancien proverbe dit : «  qu’une moitié de la terre ne sait pas comment vit l’autre.  » Les sauvages de l’Amérique, qui vivent seulement de ce que la nature leur donne, peuvent dans tout cas en dire autant. Les troupeaux innombrables de