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chent leur salut : sympathie assez singulière, dont on ignore encore les motifs et la nature. Le loup et le renard sont leurs plus grands ennemis.

Le mot indien Mankizita-Watpa, communément traduit par Rivière Terre-Blanche, signifie plus littéralement Rivière de la Terre-Fumante. Tout indique dans cette région que des feux souterrains et volcaniques y ont passé. L’eau de cette rivière est fortement imprégnée de limon blanc. Nous campâmes sur ses bords. Une forte pluie venait de laver tous les ravins et les lits secs des ruisseaux et des torrents qui abondent dans les Mauvaises-Terres. L’eau ressemblait assez à une bourbe grisâtre. Que faire dans une pareille circonstance  ? Nous devions, ou nous servir de cette espèce d’eau pour préparer le souper, ou aller nous coucher sans café, sans thé et sans aucun aliment bouilli. C’est un sacrifice auquel on ne se résigne pas facilement dans le désert, surtout après une course à cheval de dix à onze heures, sous un soleil dévorant. Après bien des tentatives inutiles pour purifier l’eau, nous fûmes obligés de nous en servir telle quelle. La soif et la faim rendent l’homme peu délicat  ; la bourbe, le sucre, le thé et le café furent, après tout, acceptables pour nos estomacs. Le lendemain, nous voyageâmes toute la journée et trouvâmes une belle fontaine, où nous campâmes durant la nuit.

Les Mauvaises-Terres que traverse la Mankizita-watpa sont la région la plus singulière que