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comme par enchantement, l’attention de tous les animaux ; au bout de quelques secondes, plusieurs centaines d’entre eux se dirigent vers le cavalier ou veau farceur. Ils arrivent d’abord à pas lents, ensuite au trot, enfin au galop. Le cavalier ne cesse de répéter les cris du veau et dirige sa course vers le parc, ayant soin de se tenir toujours à la même distance des bisons qui le suivent. Lui seul, grâce à cet habile stratagème, conduit l’innombrable troupeau par tout l’espace qui le sépare de ses compagnons, qui sont sur le qui-vive, brûlant d’ardeur et d’impatience de commencer le mouvement ou l’action.

Dès que les bisons sont arrivés dans l’enceinte comprise entre les extrémités des deux lignes, la scène change subitement : tout devient empressement et furie. Les chasseurs à cheval s’élancent de part et d’autre à bride abattue, et vont se rejoindre derrière les bisons. L’entrain des sauvages se communique aux animaux déroutés et effrayés qui essayent de s’échapper dans diverses directions ; alors en même temps se montrent les piétons. Les bisons, se voyant enfermés et entourés de toutes parts, sans issue possible, excepté par la seule ouverture qui donne entrée dans le parc circulaire et qui est devant eux, se mettent à pousser des beuglements et « des mugissements effroyables, et s’élancent en avant à toute vitesse. Les lignes des chasseurs se resserrent graduellement, à mesure que moins d’espace leur est nécessaire ; la masse