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le temps paraisse propre à la traque. Le grand maître bat le tambour et annonce la nouvelle que les «  bisons sont en grosses bandes à la distance de quinze ou vingt milles  ; que le vent est favorable et vient directement de l’endroit où sont les animaux  !   » Aussitôt tous les cavaliers montent leurs coursiers  ; les piétons, armés d’arcs et de flèches, de fusils, de lances, prennent leurs positions, formant deux longues rangées, depuis l’extrémité des deux barricades qui, partant de l’entrée du parc, s’avancent dans la plaine  ; ils prolongent ainsi les lignes de cette vaste enceinte. Lorsque les piétons sont placés à une distance de dix ou quinze pieds les uns des autres, les cavaliers continuent à tenir les mêmes lignes, qui s’étendent fort au loin, en sorte que le dernier chasseur à cheval se trouve probablement (à deux ou trois milles du parc, et est à peu près à une même distance du dernier chasseur de l’autre ligne dans une direction transversale. Si les hommes viennent à manquer, les femmes et même les enfants comblent les lacunes.

Après la formation de ces deux lignes immenses, un seul Indien, monté sur le meilleur coursier du camp, est envoyé, sans armes, dans la direction et à la rencontre des bisons. Il s’en approche, contre le vent, avec la plus grande précaution, jusqu’à la distance d’environ cent pas  ; se couvrant alors d’une grande peau de buffle, le poil en dehors, il enveloppe son cheval autant qu’il le peut, et imite le cri plaintif d’un veau de bison. Ce cri attire,