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coureurs, choisis parmi les plus habiles. Ils vont chaque jour à la découverte des bisons et lui rapportent fidèlement le résultat de leurs observations : ils disent à quelle distance du camp les animaux se trouvent, quel est à peu près leur nombre, et dans quelle direction ils marchent. Ces coureurs font souvent trente à cinquante milles en divers sens. Dans toutes leurs courses, ils prennent avec eux une balle de Wah-kon, que le grand maître leur confie  ; elle est faite de poils de buffle et couverte d’une peau. Si les coureurs jugent que le moment d’ouvrir la chasse est arrivé, ils envoient aussitôt l’un d’entre eux au grand maître, avec la balle et les bonnes nouvelles. Aussi longtemps que cette balle mystérieuse est en route, le maître des cérémonies ne peut prendre aucune nourriture  ; et il prolonge son jeûne rigoureux quelquefois pendant plusieurs jours  ; de plus, tant que dure la chasse, il ne touche à aucune viande ni à aucun mets qui ne soit trouvé ou ne provienne de quelque animal tué dans le parc même. On reste quelquefois un mois et davantage à attendre le moment propice pour commencer la grande opération de chasse  ; le grand maître alors se trouve réduit à de bien petites rations, à moins qu’il ne prenne des arrangements avec sa conscience et qu’il ne mange furtivement pendant la nuit. C’est probablement ce qu’il fait, car généralement il ne paraît pas plus souffrir du jeûne que ses subordonnés du camp.

Supposons maintenant que tout soit prêt et que