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fixé pour emplacement le voisinage d’une chaîne de collines, dont la pente douce formait une belle et immense nappe de verdure  ; toutes les loges y furent dressées. En face des coteaux, s’étendait une vaste plaine.

Aussitôt après l’installation des loges terminée, un grand conseil est convoqué  ; tous les chefs et les chasseurs y assistent. On désigne en premier lieu une troupe de guerriers chargés d’empêcher les sauvages de quitter le camp, seuls ou en bandes détachées, de peur que les bisons ne soient inquiétés et ne s’éloignent du campement. La consigne est très-sévère sous ce rapport : non-seulement tous les Indiens doivent s’y conformer, mais elle atteint aussi les voyageurs, quand même ils ignoreraient qu’une chasse au parc doit avoir lieu. S’ils font lever ou s’ils effrayent les animaux, même par accident, ils sont encore punissables  ; toutefois les sauvages du camp qui transgressent la loi sont punis avec plus de rigueur. Leurs fusils, leurs arcs, leurs flèches sont brisés, leurs loges coupées par morceaux, leurs chiens tués, toutes leurs provisions et toutes leurs peaux enlevées. S’ils ont l’audace de se refuser à subir la punition, ils sont fouettés avec le rotin, et reçoivent des coups de bâton ou de massue  ; ce supplice se termine souvent par la mort des malheureux patients. Quelqu’un qui mettrait le feu à la prairie, soit par mégarde, soit par imprudence, ou qui aurait contribué d’une manière quelconque à faire fuir les animaux,